Les DROITS DE L’HOMME sur INTERNET
Jean
Devèze
Professeur
des universités
Ce texte est la première partie
d’un article portant ce titre. En effet l’abondance des sources, la grande
diversité des observations et la nature passablement complexe de l’articulation
entre des objets juridiques et une technologie en rapide évolution ne
permettent pas de traiter dans le temps imparti par l’organisation du Colloque «La Communication et les Droits
de l’Homme», l’ensemble des thèmes possibles et ceci d’autant que ce temps est
placé en toute fin de colloque.
INTRODUCTION
Étrange paradoxe que ce titre qui rapproche, en
une incertaine association, un ensemble de concepts juridiques fondateurs de notre République d’abord, de l’Organisation
des Nations Unies plus récemment, et un ensemble évolutif de réseaux
technologiques, tissant un support d’échanges communicationnels d’une multitude
d’hommes et de femmes dispersés de par le monde.
En commun, les Droits de l’Homme et Internet
possèdent une vocation à l’universel, ignorant toutes les frontières et les
divisions qui séparent, distinguent, parcellisent les territoires et les
peuples qui les habitent. Ce qui les oppose, c’est que les droits de l’homme
sont reconnus à tout homme (du moins là où ils ne sont pas bafoués), alors
qu’Internet n’est disponible qu’à ceux qui, dotés d’un ordinateur assez
performant, sont de plus branchés sur un accès au réseau de télécommunications
mondial.
N’oublions pas,
par aveuglement, que certaines populations, situées cependant dans des
pays membres de l’Organisation des Nations-Unies, ne connaissent pas davantage
le téléphone pour tous qu’ils ne sont à l’abri d’exactions attentatoires aux
droits de l’homme.
La France, fidèle à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 24 juin 1793, en a constamment préconisé l’extension à tous les pays du monde, mais elle ne rencontra pas le succès escompté car ce texte, fleurant le républicanisme et l’égalitarisme militants, fut longtemps boudé par les nombreuses monarchies européennes attachées à la défenses des privilèges des clergés et des nobles. La création de l’Organisation des Nations Unies lors des dernières phases de la Deuxième guerre mondiale, la position dominante acquise par les Etats-Unis au cours de ce conflit, donnèrent l’occasion de reprendre la marche des droits de l’homme vers la dimension universelle, jusque-là entravée par d’ancestraux préjugés. Et ce fut justement le juriste français René Cassin qui en fut le promoteur et le rédacteur. L’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948 à Paris semblait marquer le début d’une ère nouvelle : les droits de l’homme allaient enfin triompher sur l’étendue de la planète.
Et cependant, la situation de ces derniers est
aujourd’hui très préoccupante : beaucoup d’observateurs qualifiés ont le
sentiment d’une régression, dans la
pratique, du respect des droits de l’homme un peu partout dans le monde. Ceci
en dépit du large mouvement de décolonisation, de la chute du mur de Berlin et
de la fin de l’empire soviétique. Toutefois le sentiment de l’importance du
respect des droits de l’homme a largement progressé dans les divers publics du monde,
en particulier sous l’influence des éducateurs et enseignants. A l’initiative
de l’O.N.U. et de ses institutions
spécialisées, l’UNESCO et le Haut Commissariat pour les Droits de l’Homme,
l’enseignement des droits de l’homme s’est largement répandu, développant
partout, et surtout dans la jeunesse, une conscience plus aiguë de leur
urgence. Aujourd’hui la défense des droits de l’homme (dans le style défensif)
ou la lutte en faveur des droits de l’homme (dans un style plus offensif),
compte au nombre des principes proclamés par la presque totalité des États,
même ceux qui sont les moins enclins à les respecter. C’est assez dire que la
Déclaration universelle des droits de l’homme, qui n’a pas de valeur juridique
contraignante, dispose d’une force morale appréciable dont chacun mesure
combien il est important d’accroître encore l’influence.
C’est ici que l’utilisation du réseau mondial de
communication Internet trouve sa pleine justification éthique : au-delà des
préoccupations marchandes, accueillir et diffuser les plaintes des opprimés,
des victimes et aider à informer, mobiliser et déterminer à l’action la foule
des citoyens du monde qui refusent de fermer les yeux devant la barbarie, la
cruauté, l’injustice.
Comment cela est-il possible? C’est ce que nous
allons examiner.
TROUVER
L’EXPRESSION DES DROITS DE l’HOMME SUR INTERNET
Sans entrer dans des considérations techniques,
disons qu’Internet se caractérise par l’usage d’un réseau maillé complexe qui
permet diverses connexions entre ses utilisateurs ; par exemple échanger des
messages, consulter des catalogues, prendre part à des débats de groupe ou
forums, etc. Au nombre de ses applications, la part la plus importante de ce
réseau permet de relier, via leur ordinateur, des individus à des ordinateurs
fonctionnant comme des espaces locaux plus ou moins riches en informations
dénommés sites. L’ensemble de ce réseau est connu sous le nom de «World Wide
Web», en abrégé le Web et en français «la Toile».
Moyennant
quelques démarches adaptées, tout individu qui le désire peut accéder à tel ou
tel site, lire tout ou partie des informations qu’il contient, en mettre en
mémoire ou même en imprimer des extraits choisis. Il existe ainsi de très
nombreux sites distincts caractérisés chacun par une adresse électronique ou
adresse web qui permet, comme le courrier postal traditionnel, à ceux qui la
détiennent, de joindre le site destinataire correspondant. Mais il existe à
présent des centaines de milliers de sites, et chaque jour des centaines de
nouveaux s’ouvrent, traitant de tous les sujets possibles et imaginables et
parfois même d’aucun sujet en particulier. Comment se retrouver dans cette
jungle ? Ou plutôt comment trouver ce que l’on veut y chercher ? Le problème
n’est pas tout neuf : c’est, disait feue ma grand’mère, la recherche de
l’aiguille dans la botte, ou mieux la meule de foin.
Les
ressources de l’informatique ont permis de proposer quelques solutions. Des
programmes spécialisés pour balayer à grande vitesse des milliers de sites et trier certains d’entre eux à partir de systèmes
multicritères ont été créés: le principe en est le même que le tri optique des
lentilles encombrées de petits cailloux, pratiqué dans ma tendre enfance. A
ceci près qu’ici la recherche doit conduire à un nombre limité de choix
favorables parmi une multitude de programmes explorés, alors que le tri des
lentilles devait en principe conduire à un nombre restreint de cailloux ! Ces
logiciels puissants s’appellent des moteurs de recherche et sont aujourd’hui
les voies d’accès des internautes aux adresses des sites recherchés. Le plus
célèbre des moteurs de recherche s’appelle Yahoo!, mais il en existe bien
d’autres tels que Alta Vista, Infoseek, Lycos, Excite, MSN ou encore, plus
modeste, le moteur français Nomade.
La première partie de cette recherche va donc
consister en une exploration, forcément aléatoire et non exhaustive du sujet
«Droits de l’homme» à l’aide de divers moteurs de recherche, d’examiner les
résultats de cette exploration, d’en faire une analyse critique et de tenter
d’en tirer quelques premières conclusions. Notons tout d’abord que la langue
anglaise étant largement prédominante sur le Web, la recherche ne saurait
significativement se restreindre au seul sujet«Droits de l’homme», mais doit
d’emblée se porter sur le sujet «Human rights», dont la présence doit être
significative.
Par exemple, la partie francophone de Yahoo!
(Yahoo-fr), interrogée à partir des termes «Droits de l’homme» conduit à recenser plusieurs centaines de
sites dont le contenu totalise près de 17 000 pages web. Le moteur de recherche
Lycos.fr interrogé en français («Droits de l’homme») et explorant la totalité
du Web mondial annonce avoir trouvé 3463 réponses distinctes. Interrogé en
anglais (Human Rights), il en propose 699 seulement, ce qui ne manque pas de
surprendre. Mais il faut noter que le nombre de sites est sûrement inférieur
puisque la liste fait apparaître plusieurs documents distincts émanant d’un
même site, correspondant, par exemple à des dates de publication différentes ou
à des dossiers différents. Certains sites sont ainsi présents de deux à vingt
fois dans la liste des documents repérés. Chacun des documents recensés par
Lycos est assorti d’un coefficient de pertinence, dont malheureusement le mode
de calcul n’est pas explicité et sur lequel nous reviendrons un peu plus loin.
Un autre exemple est fourni par la base mondiale
«Excite», que nous avons fait choix de consulter par association de deux
critères : «Human rights et France». La recherche donne des centaines de
réponses classées, avec des coefficients de pertinence affichés allant de 75% à
64%. Nous avons voulu vérifier, sur un échantillon constitué des 200 premières
réponses, la pertinence de chacune des réponses aux critères de la requête. Pour cela, nous avons examiné un
grand nombre de ces sites afin de vérifier que leur contenu était bien conforme
à l’un et à l’autre des termes de la
requête, c’est-à-dire «Droits de l’Homme» et «France». Ainsi avons-nous classé
les sites observés en trois groupes : ceux dont le contenu apparaît à l’auteur
de ces lignes, inévitablement subjectif, comme pertinent à la requête faite ;
ceux dont le contenu semble non-pertinent ; et ceux pour lesquels il y a doute
(par exemple ceux qui traitent de démocratie, des problèmes des jeunes immigrés
dans la ville sans que des questions explicitement relatives aux droits de
l’homme ne soient mentionnés). Les résultats ont de quoi surprendre : Sur 197
documents observés, seuls 72 (soit 36,5%) se révèlent pertinents à la recherche
entreprise, 101 (soit 51,3%) apparaissant comme non-pertinents tandis que la
pertinence de 24 autres semble très douteuse. L’importance de la non-pertinence
de plus de la moitié de la sélection est frappante, d’autant plus que le moteur
de recherche attribue aux documents sélectionnés un indice de pertinence
compris entre 64 et 75%. A titre d’exemples, on rencontre là des documents si
éloignés de la requête (promotion du langage Javascript, site d’accueil de
l’OCDE, cours de philosophie française, informations de l’ambassade des
Etats-Unis au Caire, biographie d’Eugène Ionesco, publicité en faveur de
l’Alsace, l’art paléolithique, pharmacopée chinoise pour prévenir l’herpès ou
les hémorroïdes, prières destinées à Jehovah, plaidoyer de Jacques Chirac dans
le Seattle Times en faveur de la diversité linguistique et culturelle, ou
encore la promotion d’un dispositif d’allongement et de grossissement du pénis
que l’on peut porter pendant ses activités normales ! Selon Excite, le degré de
pertinence de chacun de ces documents est compris entre 65 et 70 %, ce qui, par
comparaison, montre l’optimisme
incroyable que les responsables de la marque Excite placent dans les systèmes
automatiques de tri ici mis en oeuvre.
On pourrait donc, en première analyse, imputer ces
insuffisances manifestes au moteur de recherche Excite. Nous avons donc
entrepris d’examiner les résultats d’une requête arbitrairement choisie, en
langue anglaise et en langue française, tels qu’ils ont été restitués par deux
autre moteurs de recherche, Lycos et MSN. L’association des termes «Droits de
l’homme et Maroc» a été soumise au moteur de recherche Lycos, recensant ainsi
294 documents sur le Web mondial (à comparer aux 3463 documents recensés plus
haut au titre des «Droits de l’homme». L’analyse de ces documents, conduite
comme précédemment, fait ressortir un lot de 154 documents pertinents au regard
de la requête formulée, soit 52,4%, 95 documents non-pertinents (32,3%) et 45
douteux (15,3%). Lycos semble, au vu de ces résultats, être un moteur de
recherche plus subtil qu’Excite, mais un examen plus attentif remet
sensiblement en question cette façon de voir. En effet, sur les 154 documents
jugés pertinents, 84, soit plus de la moitié émanent d’un seul site, le site
arso.org qui porte pour enseigne : «Association pour un Référendum au Sahara
Occidental», liée au Front Polisario, engagé dans une lutte politico-militaire
avec la monarchie marocaine en vue de faire accéder cette région à
l’indépendance. Le Front Polisario pratique une intense activité de propagande
depuis longtemps et diffuse sur le Web, jour après jour, informations,
communiqués, copies des courriers qu’il adresse à l’O.N.U. et à ses agences,
etc. Ce «lobbying» assidu est tel que ce seul site émet 29% des documents
recensés par le moteur Lycos.
De plus, la même analyse met en évidence une autre
«étrangeté» : 36 documents émanent de deux sites très proches, abbc.com et elmandjra.org,
relevant de la mouvance islamiste ultra-intégriste, rassemblant sous une même bannière
Radio Islam, le Hezbollah, le Hamas et dirigé par un opposant marocain installé
à Stockholm, Ahmed Rami, auteur de tentatives de coup d’Etat contre la
monarchie. Le contenu de ce site web, conçu aux Etats-Unis, à Atlanta, est,
affirment les promoteurs, destiné à un public américain, mais ils est proposé
en douze langues ! Sa présentation graphique est très professionnelle et dénote
une aisance financière rare.
Mais ce site est aussi l’un des plus violemment
antisémites connus sur le web, et il héberge depuis plusieurs années les plus
abjects révisionnistes et négationnistes français, les Faurisson, Notin,
Garaudy, etc. ; il propose ainsi des caricatures antisémites et diffuse en
douze langues les tristement célèbres Protocoles des sages de Sion, notoires
faux datant de plus d’un siècle ! Au
nom des droits du peuple palestinien à construire son Etat, reconnu par la
communauté internationale, ces dangereux attardés, parviennent, en raison de la
stupidité même de la machine à trier dite moteur de recherche, à figurer dans la
sélection «Droits de l’homme», en parsemant simplement leurs textes de
références à ceux-ci, qu’ils bafouent constamment. Cette infâme «littérature»
apporte ainsi 12% des documents signalés par le moteur. De la sorte, la part
concernant effectivement le couple sémantique «Droits de l’homme/Maroc», hors
le «lobbying» du Front Polisario, se réduit à 70 documents, soit 23,8% de
l’ensemble, ce qui semble être un score encore plus réduit que pour le moteur
Excite.
L’autre essai tenté, en langue anglaise, utilisait
le moteur MSN (une filiale de Microsoft ?) et portait la requête : «Human
Rights/Morocco». Pour des raisons de commodité, le choix du mode de recherche
retenu fut celui dénommé «Fast Advanced Search». La base de données explorée,
selon le site, contient 300 millions de pages web. Cette recherche aboutit à
une liste de 89 documents (la durée de cette recherche est inférieure à 3/10ème
de seconde). Procédant au même type d’analyse de la pertinence de ces documents
à la requête formulée que précédemment, 44 documents se sont révélés
pertinents, soit 49,4%, 26 non-pertinents (29,2%), tandis que 19 sélections
demeuraient d’une pertinence douteuse. Ce moteur semble moins influencé que Lycos
par la propagande pilonnée par le site arso (4 documents repérés sur les 89
signalés). Ce corpus, manifestement plus restreint que les précédents, se
montre sensiblement mieux trié, et donc plus pertinent que ceux dégagés par
Excite ou Lycos. ce qui permet de poser la question suivante : N’y a-t-il pas
une corrélation positive entre la sélectivité du moteur et la pertinence des
résultats obtenus ?
A titre de curiosité, j’ai interrogé le site
français nomade.fr, dont l’initiative revient à France Telecom ; il est en
cette matière, d’une confondante pauvreté. La requête «Droits de l’homme»
aboutit à 67 réponses et celle y associant le Maroc n’en affiche que 2. Une
dernière tentative auprès de la librairie électronique BOL permet de recenser
513 titres d’ouvrages et de documents en langue française dans la catégorie
«Droits de l’homme».
PREMIÈRE CONCLUSION : la recherche de documents
relatifs aux droits de l’homme est pleine d’aléas ; le taux de succès, dans les
meilleurs cas, est de l’ordre de 50%. Le tri automatique/linguistique des pages
web a encore de sérieux progrès à faire, et donc les moteurs de recherche
doivent améliorer leurs performances.
QUELS
CONTENUS RELATIFS AUX DROITS DE L’HOMME TROUVE-T-ON ?
Les contenus observables sont évidemment liés à la
richesse sémantique de l’expression «Droits de l’homme», implicitement associée
(mais certains préfèrent des formes explicites) aux «Droits de la femme» et aux
«Droits de l’enfant». Mais allant au-delà, des groupes tels que Greenpeace ou
les Écoguerriers tiennent pour liés aux Droits de l’Homme, les «droits de la
planète», les «droits de la Terre et des espèces» ainsi que, nous le verrons
plus loin, le droit des sectes à pratiquer librement leurs actions parfois
dévastatrices. Mais le plus inattendu est de voir apparaître, le 28 mars 2000,
sous la rubrique «Droits de l’homme» un nouveau site web dénommé «Chez Onan»,
sous-titré «L’encyclopédie de la masturbation au masculin».
N’est-ce pas là un droit imprescriptible de
l’homme ? (site repéré grâce à citeweb.net, qui assure un «hébergement gratuit
de qualité professionnelle»).
Plus sérieusement devons-nous constater
l’extraordinaire variété des sites web qui abordent, peu ou prou, le thème des
droits de l’homme sur leurs pages. Une tentative de classification sera
probablement utile pour se repérer dans cette forêt de sites Internet. Notons
qu’un juriste parisien, chercheur à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, a
exposé une première esquisse de ce genre en février 1999, à l’occasion d’une
session de formation continue des magistrats organisée par l’Ecole Nationale de
la Magistrature. Il s’agit de Patrice Despretz, dont la publication, «La
documentation sur Internet en matière de droits de l’homme» organise en cinq
classes la complexité exposée plus haut. Il distingue :
- les sites
institutionnels,
- les sites
universitaires,
- les
organisations non-gouvernementales et sites privés,
- les
répertoires et moteurs de recherche,
- les
forums de discussion et listes de diffusion.
( voir le site http://www.ridi.org/enm/)
Ce premier essai est intéressant, mais se réfère
essentiellement à la recherche de documents écrits. Aujourd’hui, on doit, en
matière de droits de l’homme, prendre en compte de nombreux documents
photographiques, sonores et plus généralement audiovisuels qui posent de
nombreux problèmes d’indexation. Il conviendra donc, si possible, d’enrichir
cette première classification.
1. Les
sites institutionnels sont placés
sous l’autorité de multiples institutions internationales, telles que l’Organisation des Nations Unies et son
Haut Commissariat aux droits de l’homme, l’Union Européenne et la Commission
européenne des droits de l’homme, la Cour européenne des Droits de l’Homme, l’Organisation
internationale pour les migrations ou des institutions nationales (Ministère de la Justice, Ministères
chargés des droits de la femme, des droits
de l’enfant, de la Famille, Commission nationale consultative des droits de l’homme,
Commission nationale de l’informatique
et des libertés, Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la
vie et de la santé, Office français de protection des réfugiés et apatrides. On
trouve même des informations sur des sites locaux, dans des villes où
siègent des organisations vouées à la
défense des droits de l’homme, comme Genève ou Strasbourg. La plupart de ces
sites offrent aux internautes des textes de référence en plusieurs langues : chartes,
conventions, Déclarations, mais également des rapports réguliers, des
compte-rendus de mission, des textes de traités, d’arbitrages rendus, ou de
jurisprudence nationale ou internationale. Ainsi le Haut Commissariat des
droits de l’homme des Nations Unies diffuse-t-il la déclaration universelle des
droits de l’homme en 270 langues différentes. Ces institutions s’intéressent
enfin à l’enseignement des droits de l’homme à travers l’action de l’UNESCO, la
promotion de la Journée Internationale des droits de l’homme, etc.
2. Les sites
liés aux Organisations non-gouvernementales occupent une position privilégiée en raison de leur nombre, de leur
présence sur de nombreux terrains et surtout du remarquable bénévolat que
mobilisent leurs multiples activités.
En
première ligne se rencontrent les organisations non-gouvernementales
dont l’objet social fondamental est précisément la défense des droits de
l’homme.
C’est en tout premier lieu le cas de la FIDH - Fédération Internationale des Droits
de l’Homme, fondée en 1922, qui
réunit 105 organisations dans le monde, représentant environ 80 pays de toutes
les parties du globe. Des absences criantes, cependant, montrent que le
principe même d’une organisation internationale des droits de l’homme ne fait
pas l’unanimité. Si l’abstention d’organisations exerçant en Arabie saoudite ou
en Chine populaire est, hélas, facile à comprendre, plus surprenantes
apparaissent l’absence d’organisations affiliées à la FIDH dans plusieurs
grandes nations démocratiques telles que les Etats-Unis, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Car ces pays recèlent de puissantes organisations des droits de l’homme : ainsi
Human Rights Watch aux Etats-Unis, (voir
plus loin). De fait, cette organisation possède, à elle seule, une capacité
d’intervention qui impose à la FIDH, qui revendique à juste titre une
indépendance absolue et intransigeante, des partenariats, comme on a pu le voir
en 1999 sur le Rwanda ou à la télévision le 4 avril à propos de la guerre en
Tchétchénie .
Le site web de la FIDH
«http://www.fidh.imaginet.fr» est une source d’information extrêmement
précieuse. S’informer, c’est déjà agir ! est précisément l’un des slogans de la
FIDH.
Un autre site de très grande importance est celui
d’Amnesty International, organisation
fondée en 1961, et de ses diverses sections nationales implantées dans 55 pays,
telle que Amnesty-France. Elle
compte plus d’un million de membres, d’abonnés à ses publications et de donateurs
réguliers. Elle multiplie les parrainages de détenus et les actions en faveur
de plusieurs milliers de victimes de violations caractérisées des droits de
l’homme. En 1997, elle est intervenue (publications de documents importants,
délégations de ses experts ou observateurs, enquêtes approfondies) dans 62 pays
où de telles violations ont été constatées. 80 000 bénévoles prennent part, dans 85 pays, à son réseau
d’actions urgentes. L’activité d’Amnesty et de ses sections est importante et
très diversifiée : la publication de son rapport annuel, avec ses études détaillées
pays par pays ou zones de conflit est un document de référence très attendu par
toutes les rédactions, car l’organisation bénéficie d’un large crédit pour le
sérieux de ses allégations.
Les adresse web sont les suivantes :
- pour Amnesty International, «http://www.amnesty.org»
- pour Amnesty France : «http://www.amnesty.asso.fr»
Le site mondial de référence en matière de droits
de l’homme est celui de la puissante organisation intitulée Human Rights Watch, basée à New York et
fondée en 1978. En 1998, le rapport financier annuel est équilibré à 12 569 268
$. Une longue liste de donateurs à plus de 20 000 $ figure dans le site mais
elle date malheureusement de 1995 ! On y relève les concours des grandes
Fondations, de nombreuses multinationales (Arthur Andersen, Body Shop, Reebok, etc.).
Elle bénéficie du soutien affirmé des «géants de la communication» (Washington
Post, New York Times, American Express, Disney, CBS, etc.). Cette grande
organisation généraliste s’occupe principalement des droits de l’homme dans
tous les pays où ils sont bafoués, tout en réservant une part de son budget
(7,4 %) aux droits de la femme et une autre (3,4 %) aux droits de l’enfant.
Elle lutte aux côtés des victimes et des militants des droits de l’homme pour
que les auteurs d’exaction soient traduits en justice, pour prévenir la
discrimination, pour le respect des libertés politiques et pour protéger les
personnes contre les comportements inhumains en temps de guerre. Elle conduit
des enquêtes et publie des documents souvent accablants pour les auteurs de
crimes contre les droits de l’homme. Cette organisation vient de produire des
photographies et des documents audiovisuels sur la Tchétchénie qui mettent très
gravement en cause l’armée russe. Elle édite des rapports très bien documentés,
année après année et par régions géographiques. Elle ne néglige pas les tristes
affaires intérieures aux Etats-Unis, mettant par exemple en cause l’impunité
dont jouisssent dans ce pays, comme dans d’autres, les auteurs de brutalités
policières. Une partie de son site est
édité en cinq langues étrangères, dont le français. Son adresse est :
«http://www.hrw.org»
D’autres sites web abordent à la marge les
questions relatives aux Droits de l’Homme, en particulier ceux des
organisations humanitaires : Médecins sans frontières («http;//www.msf.org/») ;
Médecins du Monde, dont le site est en cours de construction
(«http://www.medecinsdumonde.org/»), Handicap International, etc.
Des
sites liés à des organisations non-gouvernementales d’inspiration religieuse
La Fédération
Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture et des
exécutions capitales (FIACAT), fondée en 1987, affilie une trentaine de
sections nationales. Elle dispose d’un statut consultatif auprès des Nations
Unies, du Conseil de l’Europe et de la Commission Africaine des Droits de
l’Homme et n’a pas encore ouvert son site Internet. Selon ses responsables,
cela sera fait dans deux mois. Sa section française, ACAT-France se revendique
association oecuménique, est reconnue d’utilité publique, et est membre de la Commission
Nationale Consultative des Droits de l’Homme auprès du Premier Ministre. Elle
organise des campagnes contre la multiplication des armes légères, la peine de
mort (en association avec la communauté San Egidio de Rome, très active dans la
recherche de la paix civile en Algérie), les exécutions capitales programmées
aux USA et partout ailleurs sur la planète, lutte en faveur de la création
d’une Cour Pénale Internationale, intervient pour la libération de prisonniers politiques,
etc. Sa spécificité chrétienne se manifeste en particulier par la diffusion sur
Internet de 21 prières in extenso, rédigées par des prêtres catholiques et des pasteurs
protestants, par des croyants anonymes juifs ou chrétiens et même par un
évêque. L’adresse du site français est la suivante : http://home.worldnet.fr/~acatfr/
D’inspiration chrétienne également, avec une
origine américaine et une tonalité relativement évangélique est le site Fraternet (Un espace de vie fraternel
sur le web) dont le copyright est détenu par Les Chemins d’En Haut, éditeur de
la Revue de spiritualité chrétienne qui en est à son n° 32 en langue
française (mars 2000). Les internautes habitués de ce site (50 000 visiteurs
par mois selon ses responsables) connaissent «leur engagement en faveur de la Fraternité
et de la défense des Droits Humains», peut-on y lire.
Ce site propose une campagne relative à la Tchétchénie,
avec demande de signature d’une pétition, critiquant sévèrement l’occident qui,
via le FMI, finance la reconquête de la Tchétchénie par le gouvernement russe, dénoncé
en tant que responsable d’un «véritable crime contre l’humanité». A ce sujet le
site invite les internautes à visiter les sites Human Rights Watch (USA) et
Memorial, courageuse et active ONG russe. On y trouve également un article
documenté sur la condition de la femme
en Irak dans le contexte politique actuel, un dossier contant l’histoire
d’un individu ou d’une asssociation ayant entrepris une action en faveur
d’autrui, et, en bonnes feuilles, les
articles d’un Dictionnaire d’un Chrétien en l’An 2000, «approche moderne et personnelle
de l’enseignement de Jésus», des portraits de personnalités qui ont fait
avancer la fraternité (de Sœur Emmanuelle à Nelson Mandela) et toutes sortes d’informations culturelles
de qualité. L’adresse ce ce site est http://www.fraternet.com/
Autre exemple, sans doute plus discutable, les
très nombreux sites web revendiquant leur action en faveur des droits de
l’homme, et qui sont contrôlés, sous des appellations diverses, par la Scientologie. Celle-ci diffuse sur son
propre site une liste détaillée des 121 marques et logos déposés par ses
diverses organisations. Ainsi, par exemple, le mot «able» appartient-il à la
Scientologie : un grand nombre de noms de sites web contiennent ce terme
anglais riche de significations potentielles. En plus de tous les faux nez
contenus dans la liste des marques protégées, on peut découvrir, au hasard de
la recherche, des sites scientologues contenant dans leur intitulé les mots
«freedom» ou«religious freedom». Le contenu de ces sites porte fréquemment, entre
autres, sur les «entraves» ou«persécutions» dont la Scientologie s’estime
victime de la part de divers gouvernements européens, tels que ceux de la
France ou de la R.F.A. Le site français équivalent à «religious freedom»
s’appelle «Restauration et sauvegarde de la liberté de religion», assorti du
sous-titre éloquent «Guide pour la protection des droits de l’homme en Europe»
et s’ouvre sur une citation de Ron Hubbard qui laisse rêveur : «Les droits de l’homme doivent être un fait
et non un rêve idéaliste ». Allant
plus loin, la Scientologie a créé une organisation qu’elle contrôle, portant le
nom de «Citizens Commission on Human Rights», basée à Los Angeles. Cette
organisation, fondée en 1969 par l’Eglise de Scientologie et par le Dr Thomas
Szasz, professeur émérite de psychiatrie de l’université d’Etat de New York,
compte à présent plus de 120 chapitres, répartis dans 28 pays. Cette Commision
se présente comme une organisation à but non-lucratif ayant pour objet de
dénoncer et d’éradiquer les actes criminels et les violations des droits de
l’homme dont est responsable la psychiatrie. Le site contient de très violentes
diatribes, disponibles en sept langues, contre les pratiques psychiatriques et
les psychiatres accusés de toutes sortes de délits et de crimes. Le site expose
également pourquoi la Scientologie s’oppose à la psychiatrie et en quoi elle
défend ainsi les droits de l’homme et des enfants.
Le site de Radio Islam, associé aux organisations
islamistes intégristes Hamas et Hezbollah se place sous l’invocation «Les
grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux - Levons-nous !» et
célèbre la résistance islamique. Mais, comme on l’a noté plus haut, la violence
abjecte de l’antisémitisme qui occupe tant de pages du site laisse une place
limitée à l’expression de la foi islamique et le Prophète est singulièrement
absent de ce brouet écœurant. Et complètement stupide de surcroît : Brigitte
Bardot protestant contre l’égorgement cruel de moutons à l’occasion de la fête
religieuse de l’Aïd el Kébir, y est considérée comme la victime d’un piège juif
pour manipuler et instrumenter l’Islam. Connaissant les choix politiques de
l’intéressée, il y a de quoi demeurer confondu.
Les ONG
traitant des catégories spécifiques de victimes de violation des Droits de
l’Homme
Certaines ONG s’attachent à des catégories
particulières de victimes ou d’exactions, selon la vocation spécifique qui est
la leur : c’est par exemple le cas de Reporters
sans frontière qui tient un baromètre mensuel de la liberté de la presse
dans le monde très apprécié de la presse elle-même. En effet , face aux
violations réitérées de la liberté de la presse, Reporters sans frontières dresse d’impitoyables et
rigoureux réquisitoires ; nombre de journalistes tués, blessés, incarcérés, jugés,
condamnés, menacés ou agressés, nombre de médias censurés. Le site fait
apparaître qu’en mars 2000, sur les 188 États siégeant aux Nations Unies, la situation
de la presse pouvait être jugée convenable dans 95 d’entre eux, soit à peine plus
de la moitié. Reporters sans frontières édite un site riche en informations,
bien présentées sous une forme
journalistique attrayante, adresse des lettres de protestation, fait signer une
pétition demandant la libération de journalistes emprisonnés. Cette ONG exerce
une vigilance de tous les instants sur la liberté de la presse et le sort des
journalistes menacés, emprisonnés ou assassinés.
L’adresse web de son site est : «http://www.rsf.fr»
Un autre exemple est celui du site dénommé Casa Alianza, organisation dédiée à la
réhabilitation et la défense des enfants de la rue au Guatemala, Honduras,
Mexique et Nicaragua. C’est la branche latino-américaine de Covenant House, ONG
new-yorkaise d’origine religieuse. L’organisation, fondée en 1981, est basée à
San José de Costa Rica. Elle soutient et prend soin chaque année d’environ 9 000
enfants des rues orphelins ou abandonnés, poussés vers la mendicité, le vol et la prostitution. Ils sont
souvent victimes de coups, de détentions arbitraires, de torture, d’abus
sexuels, de séquestration et d’assassinat. Elle fait signer une pétition destinée
à la Commission Inter-Américaine sur les Droits de l’Homme. L’activité de cette
organisation a été récompensée par un grand prix du Bureau International des
Droits de l’Enfant. Son site web en langue française est accessible à l’adresse
qui suit : «http://www.casa-alianza.org/FR
Les ONG travaillant
dans un cadre national proche (France, Belgique, Luxembourg, Suisse)
Il existe un nombre très considérable
d’organisations non-gouvernementales dont l’action en faveur des droits de
l’homme est centrée sur le territoire national, en particulier en France. Nous
ne pourrons aborder que telle ou telle d’entre elles, en s’attachant à
quelques-unes dont il y a lieu de penser qu’elles sont significativement représentatives
d’un domaine où profusion et diversité ont très largement cours.
La plus importante est la Ligue des Droits de l’Homme, la plus ancienne des organisations de
ce type, dont l’histoire se confond avec celle de la République depuis sa
création, en 1898, en pleine affaire Dreyfus, à l’initiative du sénateur
socialiste Ludovic Trarieux. A l’époque du régime de Vichy, l’un de ses
présidents, Victor Basch, est assassiné avec son épouse par la Milice
pétainiste. La Ligue rassemble aujourd’hui 8000 adhérents répartis en 330 sections
sur tout le territoire français. La Ligue se présente en tant qu’organisation
civique, en tant qu’association politique et en tant que contre-pouvoir. Elle
se démarque donc clairement des organisations humanitaires ou caritatives, des
syndicats ou des partis politiques. Son espace d’intervention est constitué de
tous les domaines relatifs à la citoyenneté, les droits et les libertés,
collectifs ou individuels. Elle s’est donnée pour mission la défense de
principes et la formulation de propositions sur tout ce qui touche aux droits
de l’homme. Elle exerce un droit de critique et fait connaître à l’opinion ses
positions et propositions. Au sein de la Fédération internationale des droits
de l’homme, elle oeuvre avec les associations d’autres pays qui luttent pour
les droits de l’homme, notamment en envoyant sur le terrain des missions
d’observation judiciaire et en publiant des rapports sur les abus et violations
recensés. Ses modes d’action sont divers : communiqués de presse, participation
à des meetings, réunions d’information, édition de brochures et de documents, de
la revue «Hommes et libertés», signature de pétitions, etc. A titre d’exemple,
elle invite à signer des pétitions en faveur du droit de vote des étrangers
résidant en France, en faveur de l’égalité des droits de tous les médecins y
travaillant, une autre qui s’oppose à l’interconnection des fichiers
informatisés des services de santé et des services fiscaux, ou encore, en
association avec 25 autres organisations françaises ou européennes, pour la Paix
au Proche-Orient et un État palestinien indépendant. Son influence et son
rayonnement sont grands. La Ligue possède à ce jour six sites web dont le plus riche a les adresses qui suivent:
«http:/:www.ldh-france.asso.fr» ou «http://perso.wanadoo.fr/ldh/»
Une autre organisation importante est le M.R.A.P, Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme
et pour l’amitié entre les peuples, fondé en 1949 et issu de la résistance
au nazisme. Sa spécificité initiale très forte fut la lutte contre le racisme, l’antisémitisme
et le colonialisme. Plus récemment, son activité s’est centrée sur le racisme
associé à l’immigration de travailleurs étrangers dans notre pays. Il combat en
faveur du droit d’asile et contre les expulsions et autres reconduites aux
frontières. Il s’efforce de proposer l’établissement de nouveaux rapports
internationaux plus justes, pour l’effacement de la dette des pays pauvres,
pour le soutien à des projets de développement et durables et contre l’activité
des marchands d’armes. Son site sur Internet informe sur la peine de mort et
les exécutions capitales aux États-Unis, sur les dénis de justice ayant conduit
à la condamnation à mort de Abu Jamal, journaliste noir de Philadelphie accusé
du meurtre d’un policier blanc il y a dix-sept ans, sur les sources économiques
du racisme en relation avec les crises mondiales. Il contient des propositions
relatives à la lutte contre les discriminations raciales, à l’embauche, au
logement, et même devant certains guichets. Il développe également une
réflexion sur l’amitié entre les peuples, ainsi qualifiée : «Si le racisme est
l’envers, l’amitié entre les peuples est l’endroit». Le M.R.A.P dispose d’un
statut consultatif à l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.) , militant et
agissant en faveur de la paix, du développement économique et social, des droits
des minorités, mais aussi, bien évidemment, contre la guerre, les colonialismes
ouverts ou maquillés, l’exploitation abusive des rares productions des pays et des peuples les plus pauvres. L’adresse de son site web est :
«http://www.mrap.asso.fr/»
Troisième organisation française d’importance :
l’influente L.I.C.R.A., Ligue
Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme, fondée en 1927 à la
suite d’un tragique fait divers parisien lié aux pogroms qui s’étaient déroulés
en Ukraine et en Russie au temps des tsars. Bernard Lecache, jeune chroniqueur judiciaire
a créé la Ligue contre les Pogroms, rapidement devenue la Ligue Internationale contre
l’Antisémitisme. Cette organisation s’adresse à tous les hommes de bonne
volonté épris de justice et soucieux de défendre la dignité de l’homme et se
dote alors d’un Comité d’Honneur prestigieux avec, entre autres, Romain
Rolland, Albert Einstein, André Malraux. Dans un premier temps mobilisée par la
lutte contre l’extrême-droite antisémite et agressive, elle s’organise en
groupes d’autodéfense pour faire face aux milices antisémites, racistes, et
bientôt ralliées aux théories raciales du nazisme. La Ligue possède une longue
et douloureuse histoire de lutte en faveur des minorités persécutées dans de
nombreux pays par les nazis et leurs suppôts. Elle est totalement engagée dans
les mouvements de Résistance durant la guerre 1939-1945, et maintient une
permanente vigilance des activités des néo-nazis, révisionnistes et
négationnistes. Association de solidarité à l’égard des rescapés de l’Holocauste,
elle s’engage contre les diverses formes de racisme liés aux conflits de la
décolonisation, contre la ségrégation raciale aux États-Unis, l’antisémitisme
d’État en Union soviétique, la guerre conduite au Kurdistan ou l’expropriation
massive des Indiens d’Amazonie. Aujourd’hui, la LICRA dénonce les
discriminations raciales en France et dans le monde, s’oppose à l’expulsion
arbitraire des travailleurs étrangers, demande la reconnaissance par notre Parlement
du génocide arménien en 1915. Pour ce faire, elle organise de nombreux colloques
juridiques ou pédagogiques et n’a cessé d’intervenir en faveur du rétablissement
de l’instruction civique dans l’enseignement. L’adresse Internet de la LICRA
est la suivante : «http:/:www.licra.com/»
Parmi la multitude d’organisations de lutte
spécialisées dans des actions de défense des droits de l’homme (un site évalue
à environ 6000 le nombre de sites français) nous en examinerons rapidement
trois, choisies arbitrairement.
Le Comité
Contre l’Esclavage Moderne (CCEM) est une petite organisation
non-gouvernementale récemment fondée en France (1998) par des journalistes, des
avocats et plusieurs autres personnalités. En fait, elle se réfère à une très
ancienne organisation, certains disent la plus ancienne organisation
humanitaire de l’histoire, Anti-Slavery International, fondée à Londres en
1839. Le C.C.E.M. lutte depuis quatre ans avec cette organisation dont elle
partage les idéaux. Fondant leur action sur l’article 4 de la Déclaration universelle
des droits de l’homme «nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude, l’esclavage
et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes». Constatant
la persistance des pratiques esclavagistes et du commerce des jeunes esclaves
dans divers pays, où 200 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont
asservis, de nombreuses femmes et hommes de bonne volonté s’efforcent, en les
accueillant, d’arracher les victimes de ces pratiques barbares. Pis, l’esclavage,
que chacun croyait disparu dans notre pays, y a fait un retour remarqué. Il a resurgi ces dernières années
de manière inattendue. Les nombreux mouvements de population importent avec eux
des traditions et des pratiques esclavagistes avérées. Le C.C.E.M. recherche
des familles d’accueil pour prendre en charge les personnes victimes de
diverses formes d’esclavage en France, combat le silence complice, notamment en
éditant et diffusant une lettre d’information «Esclaves encore» et en
mobilisant la parole de personnalités littéraires, comme Le Clezio, ou
sportives, comme Lilian Thuram. Le site web du C.C.E.M. est : «http://ccem-antislavery.org»
France
Libertés est une Fondation créée en 1986 par
Danielle Mitterand, épouse du Président de la République française,
déploie une grande activité, particulièrement auprès des femmes, en intervenant
partout dans le monde, s’intéressant non seulement à la défense des droits de
l’homme, mais aussi, plus largement à des questions d’éducation (pétition en
faveur de l’arabe dialectal au baccalauréat, coopération avec des écoles du Laos,
etc.), d’environnement (l’accès à l’eau pour tous), d’économie solidaire, et de
culture de la paix. La Fondation fait également signer une pétition du Front
pour les Droits de la femme Marocaine. Le site de la Fondation se trouve à
«http://www.france-libertes.fr»
Un site né d’un mouvement populaire des travailleurs
africains privés de titres de séjour et de leurs familles (l’occupation d’une
église à Paris) se trouve aujourd’hui sur le Web. Ce mouvement des «Africains sans papiers de Saint-Ambroise»
gère ce site en onze langues, dont trois langues africaines et bien sûr
consacre la plus grande part des informations qu’il diffuse au sort des travailleurs
immigrés en France, en Europe, aux manifestations militantes de ces luttes, à
des messages de soutien, mais aussi à textes relatifs aux comportements
xénophobes de certaines
administrations, à la question du droit de vote des immigrés, etc. Ce site très
actif est accessible à l’adresse qui suit : «http://www.bok.net/pajol/»
Le site internet de la Ligue belge des droits de l’homme est demeuré, en dépit de
nombreuses tentatives, inaccessible pour des raisons techniques qui
m’échappent. En revanche celui de la Ligue
Suisse des Droits de l’Homme l’est, avec par exemple un rapport soigné sur
les conditions de détention dans le canton de Genève. Malheureusement, le site
n’a pas été mis à jour depuis le 19 mai 1999.
Dans une deuxième partie de ce travail, seront
abordés les sites spécialisés dans l’information et l’intervention sur les atteintes
aux droits de l’homme dans un pays (par exemple la Birmanie, etc.) ou une zone de conflits (par exemple le
Kurdistan), qu’ils soient contrôlés par les autorités locales, les oppositions
en exil, les organisations associatives indépendantes non-gouvernementales.
Nous nous intéresserons également à la manière dont les sites liés à la presse (française
et internationale) informent et traitent des atteintes aux droits de l’homme
et, de même, à la question de l’accès aux images, aux documents sonores et
audiovisuels qui rendent compte de l’activité des divers acteurs (du Dalaï Lama
au tortionnaire de basse-fosse, et du prisonnier du couloir de la mort à la
femme lapidée, etc.)
Dès maintenant, l’examen des sites web entrepris
confirme trois phénomènes concomitants :
- la persistance des exactions, brutalités, dénis
de justice, préjugés et autres comportements inhumains et scandaleux dont sont
indifféremment victimes hommes et femmes, enfants et vieillards ;
- une meilleure connaissance de l’étendue, de
l’importance et de la gravité des actes barbares et criminels perpétrés aux
quatre coins du monde, dont une grande partie demeurait ignorée de la plupart,
quand bien même beaucoup avaient souvent vécu des atrocités locales ;
- une prise de conscience militante du caractère
insupportable de ces situations et par conséquent un engagement résolu dans de
multiples activités, largement bénévoles, d’information, de soutien, de
manifestations et d’appui à un ensemble de causes qui jusque-là n’étaient que
partiellement traitées selon les canons évangéliques traditionnels. A ce
mouvement d’engagement collectif prennent part des croyants de toutes religions
et des incroyants de tous bords : la diversité du mouvement associatif mondial
des droits de l’homme permet de réunir dans un même élan de générosité «celui
qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas».
Deux autres points, touchant aux méthodes de
l’activité militante, doivent être notés :
- Internet a bouleversé, une fois de plus la
technique pétitionnaire :
Il y a un siècle et demi ou deux, des assemblées
de bourgeois, de propriétaires ou de corporations tenaient des réunions où se
rédigeaient des pétitions à l’adresse des ministres, des préfets, des monarques
parfois. Chacun y apposait sa signature
et une délégation était désignée pour «porter la pétition» au destinataire
désigné. Plus tard, des textes de pétition étaient mis en circulation dans des
lieux publics (par exemple marchés, estaminets, églises, etc.) ou privés
(ateliers, chantiers ou bureaux) : des chefs de famille, des militaires, des
cafetiers, des journaliers, etc.) y traçaient, plus ou moins adroitement, leur
paraphe et l’ensemble des feuilles collectées étaient portées au maire ou au curé par le garde champêtre, ou au
sous-préfet par le maire ou le député.
En 1962, lorsque le Premier Ministre de l’époque,
M. Debré, inventa une loi favorisant l’enseignement privé confessionnel, le
Comité National d’Action Laïque, qui regroupait la plupart des instituteurs, un
grand nombre de professeurs et quantité de parents d’élèves attachés à la défense
de l’enseignement public laïque lança une pétition nationale qui recueillit 12
millions de signatures (un record inégalé en France), la méthode changea : des
cohortes de militants allèrent faire du porte-à-porte dans les ensembles, les
immeubles, les réunions, les fêtes de famille, pour expliquer le sens de cette
pétition et demander à chacune et à chacun de se déterminer en conscience. Cette
campagne de pétition dura quatre mois et les responsables du C.N.A.L. firent
porter des sacs postaux entiers de feuilles emplies des signatures collectées
après un décompte scrupuleux. La Cour de l’Hôtel Matignon fut vite comble.
Dans les années 70, l’art de la pétition devint
pour l’essentiel postal ; chacun pouvait recevoir à son domicile toutes sortes
de pétitions les plus variées, les signer ou les mettre à la corbeille et renvoyer avec sa signature celles qui étaient
parvenues à le convaincre de l’adresser en retour à leurs émetteurs. En
1980-1990, une certaine radinerie s’étant fait jour chez un grand nombre de
pétitionnaires potentiels, on vit arriver les pétitions accompagnées d’une
enveloppe de retour préimprimée et prépayée.
Avec la fin du 20ème siècle, nous observons la
dématérialisation de l’acte pétitionnaire qui, sans devenir pour autant
totalement virtuel, abandonne le papier et le paraphe pour le numérique et la
signature électronique. L’ examen des sites Internet auquel nous avons procédé
nous a permis de découvrir, proposées par tel ou tel site, des pétitions en
tous genres, avec retour des textes signés par voie postale (Pétition Halte à
la barbarie en Tchétchénie émanant de Amnesty-France), ou par courriel (ou
e-mail) (pétition en faveur de Dominique Makeli, journaliste emprisonné au Rwanda,
émanant de Reporters Sans Frontières). Des pétitions distinctes pour le respect
des droits des femmes au Maroc (France Libertés), en Irak (Fraternet) ou en Afghanistan,
pour le droit de vote des étrangers (MRAP) ou pour la paix au Proche-Orient et
pour un État palestinien indépendant (Ligue des Droits de l’Homme) sont ainsi
lancées parallèlement, ce qui permet à toutes les plus fines nuances de pensée
de trouver une forme d’expression exactement adaptée à leurs sensibilités.
Internet permet aussi, et cela grâce au courrier
électronique, une circulation rapide des informations relatives aux Droits de
l’Homme. En dépit des surveillances policières et des tracasseries de toutes
sortes, chaque jour des militants chinois anonymes parviennent à transmettre
par cette voie à leurs familles de Singapour, Manille ou Hong Kong de
précieuses indications dès lors disponibles partout. Hommage soit rendu à ces
militants discrets des Droits de l’Homme.